Cette prostitution des mineures qu’on ne veut pas voir

Gare de Marseille

ENQUÊTE - Combien sont-elles, contraintes de se vendre ? 15 000, 20 000 ? La prostitution des moins de 15 ans, boostée par les réseaux sociaux, touche toute la France.

Publié le 24-03-2024 par Claude Ardid et Nadège Hubert

Il fait gris, le ciel est poisseux, l'air vif. À Toulon, l'orage menace. Quelques gouttes tombent sur la ville. L'impression que ce jour de janvier recèle déjà une infinie tristesse. Nous retrouvons Sarah Benrah dans un bistrot, tout près de la place de la Liberté.

La jeune femme s'est investie dans le combat contre la prostitution des mineures depuis un an au sein de l'association Nos ados oubliés. Comme un sacerdoce. Sarah tend une feuille A4 sur laquelle on peut lire une longue liste de prénoms. Ceux de 150 jeunes filles, toutes de moins de 15 ans, déjà passées devant un juge pour enfants, que l'association prend ensuite en charge au sein de petites unités de « réparation ». Face à nous, Sarah égrène leurs pseudonymes, des prénoms qui ont marqué le début de leur calvaire. Le style du texte est télégraphique, mais les mots glacent le sang : « Leïla, 17 ans, Toulouse, a commencé la prostitution à 13 ans. Elle rencontre un homme de l'âge de son père qui l'héberge avec sa femme et la met dans les stups et la prostitution. » « Marina, 14 ans, parents séparés, fugues à répétition, récupérée par son oncle qui l'a exfiltrée d'un réseau de proxénètes qui l'ont rendue esclave à Rennes, Paris, Toulouse, Marseille, où elle a fini par échouer. » « Marah, 14 ans, Castres. A commencé dans la prostitution à l'âge de 14 ans, avec un homme de vingt ans son aîné. Elle subit aujourd'hui l'emprise de son "lover boy". Son "amoureux" la prostitue jo

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